pour une agriculture responsable
Florian et moi nous étonnions souvent du manque de conscience écologique d'un grand nombre d'agriculteurs et cela nous semblait paradoxal car ils épuisent les sols qui les font vivre. On nous rétorque bien souvent qu'on n'y connaissait pas grand chose en agriculture (ce qui est assez vrai) ou que les agriculteurs n'ont pas d'autre solutions car le bio ne peut pas nourrir tout le monde (ah bon?). Alors il nous fallait aller plus loin dans notre raisonnement, avoir une meilleure connaissance de l'agriculture actuelle. S'ajoute aussi le combat actuel de Florian pour faire venir le bio dans la cantine de son collège, autant de bonnes raisons pour s'offrire ce livre:
Il a été écrit par un couple d'agronomes docteurs ès science et non pas par d'obscurs écologistes décroissants (;D). Donc autant dire que leur livre n'a rien de politique, le but est uniquement de proposer une meilleure façon de travailler les sols, en effet pour eux sans cet effort l'agriculture court à sa perte, et nous avec bien sûr. Je ne vais pas vous exposer leur thèse car je ne l'ai pas encore lu en entier et en plus si je la comprend elle est difficile à reformuler car je suis novice en agrologie quand même...
Ce qui est intéressant, c'est la démarche : ce dire que nous avons sufisamment progressé en matière d'industrie agricole et que nous avons suffisamment à manger pour pouvoir donc nous interroger maintenant sur une façon plus saine d'exploiter notre environnement. C'est donc à la lumière des dernières innovations qui ont permis l'évolution de la reflexion agrologique que les auteurs exposent leurs thèses, et pas en faisant table rase de ce qui s'est passé ces dernières années. Ils proposent par exemple d'arrêter le labour car, à notre époque, avec toutes nos nouvelles connaissances dans le domaine, la haine des mauvaises herbes n'est plus justifiée. Le labour épuise le sol, il est la cause de la disparition de la matière organique et de la désertification des sols; il faut préférer à ce labour destructeur -mais ô combien culturel, qualifié de mythe fondateur de l'agriculture- le semis direct. Ah c'est sûr, on va y perdre en champs bien propres, bien plantés, en rendement, en compétitivité, mais c'est soit l'hyperproductivité et la mort des sols, soit une production décroissante et un assainissement et une préservation des sols.
Ils énoncent dès l'introduction une vérité trop souvent oubliée, la science ne peut pas tout faire, la science ne peut pas réparer nos erreurs et nous donner opulence, bonheur et qualité de vie. Cela peut paraître évident mais pas tant que ça dans notre époque de toute puissance de la science. Ils insistent sur la nécessité de réinstaurer le spirituel dans la reflexion scientifique agrologique.
"La science ne nous maternera pas et ne réparera pas nos enfantillages. La terre souffre, et ce n'est pas de pansements dont elle a besoin, mais d'amour."